Un dimanche à la piscine à Kigali, Gil Courtemanche
Auteur : Gil Courtemanche
Langue : Français
Titre en anglais : A Sunday at the Pool in Kigali
Nombre de pages : 284
ISBN-10 : 2764601697
ISBN-13 : 978-2764601693
Éditeur : Boréal Compact
Résumé Un dimanche à la piscine à Kigali est d’abord un témoignage. Gil Courtemanche nous permet de comprendre exactement ce qui s’est passé au Rwanda, non seulement en ce fatidique mois d’avril 1994, mais depuis l’arrivée des coloniaux européens à la fin du XIXe siècle. Il montre à l’œuvre la force de la haine raciale, la pusillanimité des médias internationaux, l’hypocrisie des services diplomatiques. Il montre comment l’ignorance et la pauvreté contribuent à la diffusion d’une épidémie mortelle, mais aussi que la folie meurtrière des hommes est plus redoutable que n’importe quel virus.
Mais c’est un roman que Gil Courtemanche a écrit, et la littérature arrive à faire ce que le reportage ne pourra jamais: elle donne un visage humain aux bourreaux et aux victimes. Le romancier peut aussi chercher réponse à des questions qui sont hors de portée du journaliste: Comment peut-on vivre après avoir été le témoin d’une telle horreur? Comment peut-on rire et aimer? Comment ne pas succomber au désespoir? Et chacun de nous ne peut manquer de se sentir concerné, car nous sommes désormais les témoins obligés de toutes les horreurs qui sont commises sur la planète.
Au fond, comme toute œuvre littéraire digne de ce nom, Un dimanche à la piscine à Kigali pose la seule question qui compte: Comment mourir et comment vivre?
« Avec cet ouvrage, exceptionnel, douloureux pour l’esprit, accablant pour l’espèce, vous aviez pénétré dans le pays des morts, partageant la marche funèbre d’un homme blanc aimant par-dessus tout une femme noire au cœur d’une Afrique rouge de sang. [...] Entrer dans ce livre, c’est accéder à un univers où le jour ne se lève plus. » Jean-Paul Dubois, Le Nouvel Observateur (Paris)
Effectivement, tout au long de cette lecture, je me suis demandé comment mourir et comment vivre. Les premiers mots nous envoûtent dans une horreur indescriptible qui a amené avec elle d'innombrables Tutsis et Hutus de ce Rwanda déchiré, auto-condamné par des illusions répandues, comme de la poudre, dans la conscience des Rwandais. Sans n'être qu'un simple témoignage d'un Holocauste dont chacun de nous avons regardé sans broncher, le roman de Gil Courtemanche entremêle autant les faits historiques, politiques et culturels en faisant une brève pause avec une histoire d'amour qui fera vibrer la dernière corde d'humanité au fond de nous. Impossible de rester imperturbable en lisant les récits atroces qu'ont été la destiné de légion de Rwandais, mais surtout il reste l'incompréhension d'une horreur incroyable jouant en plan de fond sur cette histoire d'amour entre Valcourt, personnage principal, et Gentille. Gentille qu'on s'approprit autant que les militiens Hutus pour ce qu'elle incarne. Un archétype qui aurait dû être sauvé, préserver. On veut tellement la voir vivre puisqu'elle y a droit. Mais il y a ses frères, ses soeurs, ses cousins et cousines. Puis Valcourt qui découvre que son coeur est au Rwanda, avec ou sans Gentille.
Ce roman, il se lit d'une traite. Courtemanche ne perd pas son temps avec des détails inutiles et encombrants; il va droit au but de manière crue. Une lecture qui est dure, donc. Chaque mots défileront probablement sur un film sans sons de tous les bouts de reportages qu'on a en gardé en mémoire de ce génocide, entrecoupé des visages de Lando, Émérita, Cyprien et tous les autres qui ont voulu vivre malgré la folie, les machettes, les champignons dans la bouche. Une lecture fièvreuse, qui vous fera rêver — contre toute attente — sous le grand ficus avec Valcourt et sa Gentille.
En bout de ligne, je crois que ce roman de Gil Courtemanche n'est pas seulement sa manière de relater les événements du Rwanda — tout en nommant les principaux coupables et assassins — pour qu'une justice soit rendue à toutes les victimes, mais aussi un moment de réflexion sur notre manière de vivre, de mourir et d'aimer sans frontière, sans limite, sans étiquette ethnique.